Route Ngaoundéré-Garoua: Le démarrage des travaux renvoyé par l’indisponibilité des fonds
Les travaux de réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua ne devraient pas démarrer ce mois d’avril, comme initialement annoncés et souhaités par le gouvernement camerounais et la Banque africaine de développement (BAD), principal bailleur de fonds du projet. Selon les services du ministère des Travaux publics, maître d’ouvrage, le projet bute encore sur deux obstacles : l’indisponibilité des financements et la contractualisation des entreprises chargées des travaux.
En effet, d’après le ministère des Travaux publics, « les accords de financement ne sont pas encore mis en vigueur » . Autrement dit, le projet ne dispose pas encore des fonds nécessaires à son lancement. Et ce, malgré l’approbation par la BAD, en septembre 2024, d’un prêt de 216 milliards de FCFA pour réhabiliter un linéaire de 278 km dépendant de deux grandes villes du septentrion : Ngaoundéré (région de l’Adamaoua) et Garoua (région du Nord). De plus, la convention de financement entre la BAD et le gouvernement camerounais a été signée le 19 mars dernier à Yaoundé. Le ministère des Travaux publics précise également que la BAD s’oppose à l’utilisation des fonds d’un autre projet en cours pour financer cet itinéraire.
À cela s’ajoute l’indisponibilité des ressources de fonctionnement pour les commissions d’évaluation des biens impactés par le projet. Ces commissions ont été mises en place par les différents préfets des départements traversés.
Aucune entreprise encore validée par la BAD
Par ailleurs, les deux parties sont encore en discussion concernant le choix des entreprises qui réaliseront les travaux. Le 11 décembre 2024, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, avait lancé un appel d’offres international pour la sélection des entreprises à contracter. Le projet est divisé en cinq lots. Toutefois, selon le ministère, la liste des entreprises soumises à la BAD le 21 mars dernier n’a toujours pas reçu l’avis de non-objection de ce partenaire financier. De même, la BAD a émis des réserves sur la liste restreinte des entreprises chargées de la maîtrise d’œuvre. Résultat : le processus de contractualisation se poursuit.
Rappelons que le lot 1 concerne la réhabilitation de la section Ngaoundéré-Carrefour Malang-Bas de la Falaise de Mbé (50 km), avec un délai de réalisation de 36 mois. Le lot 2 porte sur la section Bas de la Falaise de Mbé-Pont de Keroua (39 km), à achever en 24 mois. Le lot 3, couvrant le tronçon Pont de Keroua-Pont de Salah (77 km), nécessitera également 36 mois de travaux. Enfin, les lots 4 et 5, respectivement sur les sections Pont de Salah-Entrée village Ouro André (56 km) et Entrée village Ouro André-Pont sur la Bénoué (56 km), devront être terminés en 24 mois chacun.
Axe stratégique du corridor Douala-N’Djamena
Le projet de réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua s’inscrit dans le Programme d’appui au secteur des transports (PAST), mis en œuvre par la Banque africaine de développement au Cameroun. Ce projet fait partie du corridor économique Douala-N’Djamena, desservant également le Tchad voisin. Très dégradé depuis plusieurs années, ce tronçon perturbe l’activité économique, allongeant notamment la durée des voyages de deux à trois fois par rapport à la normale.
Les bailleurs de ce projet sont la BAD (208,7 milliards de FCFA), le Fonds africain de développement, filiale de la BAD (8 milliards de FCFA), et une contrepartie du gouvernement camerounais (4,8 milliards de FCFA), pour un montant total de 221,5 milliards de FCFA.
Ludovic Amara