Jean Pierre MAKTOUANDI
COMMENT TRANSFORMER LE FESTIVAL TOKNA MASSANA EN INSTRUMENT DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ?
Le Festival Tokna Massana, organisé en alternance entre Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad), est un événement culturel majeur du peuple Massa. Il constitue un espace de valorisation de l’identité, de la mémoire et de la créativité, mais demeure encore faiblement structuré sur le plan économique. Ce document propose une transformation stratégique du festival en véritable levier de développement, en élargissant sa mission au-delà de la culture pour inclure la création d’emplois, l’entrepreneuriat local, le tourisme, l’innovation et l’intégration régionale.
Malgré des atouts significatifs — comme la forte mobilisation communautaire, un patrimoine culturel riche ou encore un soutien institutionnel croissant — le festival souffre de faiblesses importantes : gouvernance non professionnelle, financement irrégulier, querelles d’élites, organisation basée sur le bénévolat, communication peu développée, et désignation des dirigeants par cooptation.
Face à ce constat, une vision renouvelée est proposée : faire du Festival Tokna Massana une plateforme économique, culturelle et inclusive au service du développement territorial. Cette ambition se décline à travers cinq axes stratégiques : gouvernance et professionnalisation, économie culturelle et créative, tourisme et attractivité, intégration numérique, et mise en œuvre de projets de développement local.
Le plan de financement repose sur la diversification des ressources : subventions publiques, bailleurs internationaux, partenariats privés, mobilisation de la diaspora et revenus générés par les activités du festival. Un dispositif structuré et participatif est prévu, fondé sur des comités binationaux, des unités techniques par axe et une cellule de projets.
La réussite de cette transformation dépendra de l’unité des élites, de l’adhésion des populations locales, d’un leadership visionnaire et de mécanismes rigoureux de suivi et d’évaluation. Les principaux risques identifiés incluent le mythe scissipare des élites, l’insuffisance de financement durable, et une appropriation limitée du plan stratégique.
Cette initiative place la culture au cœur du développement économique et social, dans une perspective transfrontalière et durable, en s’appuyant sur les forces du peuple Massa et la capacité du festival à fédérer, inspirer et transformer.
Mots-clés: Festival Tokna Massana, développement local, économie culturelle, industries créatives, intégration transfrontalière, patrimoine immatériel, tourisme culturel, gouvernance participative, entrepreneuriat communautaire, professionnalisation, diaspora, cohésion sociale, innovation
territoriale, élites Massa, coopération Cameroun-Tchad, communication culturelle, financement alternatif, mythe scissipare, leadership communautaire.
Abstract
The Tokna Massana Festival, held alternately in Yagoua (Cameroon) and Bongor (Chad), is a major cultural event for the Massa people. It is a space for celebrating identity, memory, and creativity, but it remains weakly structured in economic terms. This document presents a strategic transformation of the festival into a real driver of development by expanding its mission beyond culture to include job creation, local entrepreneurship, tourism, innovation, and regional integration.
Despite its significant strengths—such as strong community mobilization, rich cultural heritage, and increasing institutional support—the festival faces critical weaknesses: non-professional governance, irregular funding, elite rivalries, volunteer-based organization, limited communication strategies, and a leadership selection process based on co-optation.
To address these issues, a renewed vision is proposed: transforming the Tokna Massana Festival into an economic, cultural, and inclusive platform for territorial development. This vision is structured around five strategic pillars: governance and professionalization, cultural and creative economy, tourism and territorial appeal, digital integration, and the implementation of local development projects.
The financing plan is based on diversified sources: public grants, international donors, private sponsorship, diaspora mobilization, and income generated by the festival’s activities. A structured and participatory implementation system is outlined, including binational committees, technical units for each axis, and a dedicated project cell.
Success will depend on elite unity, local community ownership, visionary leadership, and robust monitoring mechanisms. Key risks include elite fragmentation (the “scissiparous myth”), lack of sustainable financing, and limited community engagement with the strategic plan.
This initiative places culture at the heart of economic and social development, with a cross-border and sustainable perspective, relying on the strengths of the Massa people and the festival’s power to unite, inspire, and transform.
Keywords: Tokna Massana Festival, local development, cultural economy, creative industries, transboundary integration, intangible heritage, cultural tourism, participatory governance, community entrepreneurship, professionalization, diaspora, social cohesion, territorial innovation, Massa elites, Cameroon-Chad cooperation, cultural communication, alternative financing, scissiparous myth, community leadership.
INTRODUCTION
« La culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Là où elle s’épanouit, les peuples se relèvent. »
Amadou Hampâté Bâ
Le Festival TOKNA MASSANA est bien plus qu’une simple célébration culturelle : il est l’expression vivante de l’âme du peuple Massa, une fenêtre ouverte sur son histoire, ses traditions, ses valeurs et sa créativité. Si son rôle symbolique et identitaire est indéniable, son potentiel économique reste encore sous-exploité.
À l’heure où les territoires sont appelés à innover pour mobiliser leurs ressources endogènes, le festival peut et doit devenir un instrument stratégique de développement local. Il s’agit de transformer cet événement en un levier structurant, capable de générer des retombées économiques durables, de créer des emplois, de valoriser les talents locaux et de renforcer l’attractivité du pays Massa.
Cette transformation requiert un diagnostic stratégique sans ambages, une vision claire, une stratégie cohérente, une gouvernance inclusive et des mécanismes de financement adaptés. Elle suppose aussi la mobilisation des forces vives : les chefs traditionnels, les élites locales, la diaspora, les jeunes, les femmes, les pouvoirs publics notamment les collectivités territoriales et les partenaires au développement.
Cependant, la réussite de cette dynamique repose sur certaines conditions de succès fondamentales : Une appropriation communautaire forte du projet, au-delà des clivages sociaux ou politiques ; Un leadership collectif et inclusif, tourné vers l’intérêt général ; La mise en réseau des compétences et des partenaires autour d’une même ambition partagée ; Et surtout, une professionnalisation de la gestion et de l’organisation du festival.
À l’inverse, plusieurs risques d’échec peuvent compromettre cette ambition : Le manque de vision à long terme ou de structuration stratégique ; L’absence de financement durable ; La politisation de l’événement au détriment de l’intérêt collectif ; Et plus pernicieusement, le mythe scissipare des élites, cette tendance à la division, à la duplication des initiatives et à la fragmentation des énergies de nature à diluer les efforts communs et affaiblir les dynamiques communautaires.
Eu égard à ces défis, la présente réflexion propose une démarche articulée autour d’un diagnostic sans ambages, d’une vision élargie du festival, d’un plan stratégique structuré, d’un mécanisme de financement adapté, d’une mise en œuvre rigoureuse, et d’une évaluation continue des résultats. L’objectif est clair : faire du Festival TOKNA MASSANA un catalyseur de développement économique, un pilier de rayonnement culturel, et un symbole de cohésion territoriale et communautaire.
DIAGNOSTIC STRATEGIQUE DU FESTIVAL TOKNA MASSANA
Le Festival Tokna Massana incarne l’un des socles de la mémoire et de l’expression culturelle du peuple Massa. Alternativement organisé à Yagoua (Cameroun) et à Bongor (Tchad), il est devenu un symbole de cohésion transfrontalière. Toutefois, pour passer d’un cadre strictement festif à un levier structurant de développement économique, il convient d’en analyser objectivement les forces et faiblesses.
FORCES
- Ancrage culturel fort et légitime
Une profonde connexion identitaire avec les valeurs et traditions Massa.
- Mobilisation communautaire remarquable et des élites
Implication des populations Massa des deux rives du Logone, ainsi que de la diaspora.
- Dimension transfrontalière valorisante
Alternance géographique qui consolide l’unité Massa et stimule les échanges sous-régionaux.
- Richesse et diversité du patrimoine culturel
Danses, contes, rites, artisanat, gastronomie, musique traditionnelle : un réservoir de contenus valorisables.
- Reconnaissance institutionnelle croissante
Participation régulière des autorités administratives et de quelques partenaires privés.
FAIBLESSES
- Manque de structuration économique
Absence de chaîne de valeur intégrée autour du festival et faible ancrage dans les filières productives.
- Financement instable et peu structuré
Dépendance aux dons, subventions ponctuelles et collectes communautaires, sans modèle financier pérenne.
- Communication et marketing sous-exploités
Faible présence digitale, absence d’image de marque forte, déficit de stratégie promotionnelle moderne.
- Organisation peu professionnalisée et fondée sur le bénévolat
Déficit de compétences techniques, faiblesse dans la coordination opérationnelle, absence de cellule professionnelle permanente.
- Mode de désignation du top management par cooptation
Le recours à la cooptation dans les structures dirigeantes réduit la transparence, limite le renouvellement des compétences, et entretient un entre-soi qui freine l’innovation et l’efficacité.
- Inégal accès aux retombées économiques
Faible intégration des jeunes, des femmes et des entrepreneurs locaux dans les dynamiques économiques générées.
- Insuffisance des infrastructures d’accueil
Capacités limitées en hébergement, logistique, sécurité, et équipements techniques dans les villes hôtes.
- Querelle des élites autour du contrôle du festival
Conflits de leadership, rivalités personnelles ou politiques entre notables Massa compromettent la gouvernance, désorientent les partenaires et divisent la base sous l’effet de la génération spontanée des groupes d’autodéfense opportuniste autour des élites.
Ce diagnostic met en évidence les opportunités à saisir pour faire du festival un véritable instrument de développement, à condition de lever les blocages internes, de professionnaliser sa gouvernance et de l’inscrire dans une dynamique territoriale durable.
VISION ELARGIE DU FESTIVAL TOKNA MASSANA : AU-DELA DU SYMBOLE, UN MOTEUR DE DEVELOPPEMENT
- Une vision culturelle portée par l’ambition économique
Le Festival TOKNA MASSANA n’a pas vocation à se limiter à la célébration du patrimoine Massa. Il peut et doit devenir un levier stratégique de développement économique local, régional et transfrontalier. Cette vision élargie repose sur l’idée que la culture, au-delà de sa fonction identitaire et festive, peut générer de la valeur ajoutée, structurer des filières économiques, et participer à la transformation sociale.
- La mission économique du festival repensée
Le Festival TOKNA MASSANA vise à : Créer des opportunités économiques locales à travers les industries créatives, l’artisanat, la gastronomie, le tourisme culturel et les services connexes ; Renforcer la professionnalisation des acteurs culturels, en les outillant pour qu’ils deviennent des entrepreneurs culturels durables ; Stimuler l’économie circulaire locale (hébergement, transport, agriculture locale, services techniques) ; Attirer les investisseurs et partenaires dans des secteurs comme la valorisation des produits du terroir, l’agro-transformation, ou l’innovation sociale ; Ancrer le festival dans une dynamique de marketing territorial, en positionnant le terroir Massa comme une destination culturelle et économique.
- Objectif stratégique
Faire du Festival TOKNA MASSANA un événement structurant du développement endogène, qui combine valorisation identitaire, innovation, entreprenariat culturel et rayonnement régional.
- Piliers de la vision
Culture et entrepreneuriat: transformer les artistes, artisans, couturiers, musiciens, créateurs, en véritables chefs d’entreprise. Tourisme communautaire et solidaire : mettre en place des circuits touristiques Massa autour du festival (musées, habitats traditionnels, rites).
Formation et insertion professionnelle : organiser des masterclasses, ateliers, formations pendant le festival. Partenariats économiques : associer les PME, collectivités locales, diaspora et mécènes à la vision économique du festival.
PLAN STRATEGIQUE DE TRANSFORMATION DU FESTIVAL TOKNA MASSANA
Le Festival TOKNA MASSANA peut être bien plus qu’une vitrine identitaire. Il est appelé à devenir un vecteur de développement économique, de cohésion sociale et de rayonnement régional, s’inscrivant dans une dynamique d’économie créative et de développement territorial durable. Ce plan stratégique s’articule autour de cinq axes renforcés, chacun porteur d’initiatives concrètes.
AXE STRATEGIQUE 1 : Structuration et professionnalisation de l’écosystème culturel Massa
Objectif : Passer d’un vivier informel de talents à un secteur culturel structuré,
créateur d’emplois et de valeur ajoutée.
Composantes : Mise en réseau des artistes, artisans et opérateurs culturels ; Formations techniques, entrepreneuriales et managériales ; Création d’une coopérative culturelle Massa.
Illustrations : Ateliers de formation sur la propriété intellectuelle, le marketing culturel, la gestion de projets.
Création d’un Carnet professionnel Massa pour identifier les talents Lancement du Programme Tokna’Lab, un incubateur d’initiatives culturelles
AXE STRATEGIQUE 2 : Déploiement d’un écosystème touristique communautaire et patrimonial
Objectif : Transformer le festival en produit touristique territorial avec retombées économiques locales.
Composantes : Mise en valeur du patrimoine Massa (architecture, rites, sites) ; Développement de l’hébergement local et de la restauration traditionnelle ;
Création de circuits touristiques Massa.
Illustrations : Circuit “Sur les traces des ancêtres Massa” (sites historiques, rites) ; Construction de “villages-festival” avec hébergement chez l’habitant ; Partenariats avec les offices de tourisme régionaux et nationaux.
AXE STRATEGIQUE 3 : Création d’une dynamique économique autour du festival
Objectif : Faire du festival un levier d’économie locale et un terrain d’expérimentation solidaire.
Composantes : Marchés artisanaux et foires économiques pendant le festival ; Valorisation des produits du terroir (mil, coton, cuir, etc.) ; Création d’un fonds Massa pour l’entrepreneuriat culturel.
Illustrations : Foire agro-artisanale Tokna Expo pendant le festival ; Lancement d’un label Massa Origins pour les produits locaux ; Micro-crédits solidaires pour les femmes transformatrices Massa.
AXE STRATEGIQUE 4 : Communication stratégique et rayonnement régional et diasporique
Objectif : Accroître la visibilité du festival, renforcer son attractivité et
mobiliser des soutiens.
Composantes : Plateformes numériques et contenus de storytelling Massa ; Partenariats médiatiques et diplomatie culturelle ;
Mobilisation des Massa de la diaspora comme relais.
Illustrations : Web-série “Je suis Massa” diffusée avant le festival ; Ambassadeurs culturels Massa dans les villes de la diaspora ; Diffusion du festival via la télévision nationale et les réseaux sociaux.
AXE STRATEGIQUE 5 : Gouvernance et appui institutionnel
Objectif : Mettre en place des structures de gouvernance représentative, stable et efficace ainsi que des actions et unités d’appui opérationnel
Composantes : Création d’un comité binational permanent, adoption d’un manuel de procédures, formation des acteurs; Mise sur pied d’une unité de projets de développement devant identifier, concevoir et suivre des projets économiques locaux autour du festival.
SOURCES DE FINANCEMENT DU PLAN STRATEGIQUE
Le déploiement du plan stratégique nécessite une mobilisation diversifiée, innovante et durable des ressources financières. Il s’agit de combiner financements publics, privés, communautaires et partenariaux, dans une logique de co-investissement culturel et territorial. Voici les principales sources identifiées :
Financements publics (nationaux et territoriaux)
État central : subventions du ministère de la Culture, du Tourisme, de la Décentralisation, des Affaires sociales, de la promotion de la femme, de la jeunesse ; Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) : soutien financier et logistique des mairies, conseils régionaux, etc. Projets publics financés par les bailleurs : accès aux fonds dédiés à la culture, la jeunesse, le développement local (e.g. PNDI, PCD, etc.)
Exemple : La commune d’accueil peut inscrire une ligne budgétaire annuelle pour soutenir le festival en tant que moteur du développement local.
- Financements privés et mécénat
Entreprises locales et nationales : sponsoring, partenariats d’image, mécénat culturel. Banques et institutions financières : contributions via des actions RSE ou des concours pour les jeunes entrepreneurs culturels. Fondations d’entreprise : soutien à des projets culturels à impact social.
Exemple : Une entreprise brassicole peut devenir partenaire officiel du village festif, en contrepartie de visibilité et d’animation sur site.
- Contributions communautaires et collectes populaires
Denier Massa pour la Culture” : initiative solidaire de collecte volontaire auprès des populations, des associations et des élites Massa ; Campagnes de levée de fonds en ligne (crowdfunding) : pour financer un projet précis (ex. scène mobile, documentaire, exposition) ; Cotisations des organisations Massa : appui des GIC, ONG locales ou élites impliquées.
Exemple : Lancement d’une campagne “Un Massa, 1 000 FCFA pour Tokna” en prélude au festival sur les plateformes numériques.
- Soutiens internationaux et coopérations
Ambassades et instituts culturels étrangers (Goethe, IF, USAID, etc.) : soutien aux échanges culturels, ateliers, bourses. Programmes africains ou multilatéraux : financement via l’Union Africaine, l’OIF, l’UNESCO, l’UE, etc. ONG et bailleurs internationaux : intégration du festival dans des projets culturels ou de développement.
Exemple : Demande d’inscription (en cours) du Festival TOKNA MASSANA sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, ouvrant l’accès à des financements dédiés.
- Recettes générées par le festival
Billetterie: tickets d’entrée pour les spectacles et activités spécifiques. Locations d’espaces : stands, emplacements pour les artisans, restaurateurs, entreprises. Vente de produits dérivés : tee-shirts, objets souvenirs, publications. Prestations culturelles exportées : troupe Massa en tournée, spectacles en entreprise, projections.
Exemple : La création d’une boutique officielle TOKNA MASSANA avec objets artisanaux et vêtements peut générer des revenus durables.
DISPOSITIF DE MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATEGIQUE
La réussite du plan stratégique repose sur une mise en œuvre structurée, inclusive et progressive. Elle s’articule autour de principes directeurs, de phases opérationnelles claires et de mécanismes de pilotage participatif. Il s’agit de garantir l’efficacité, la transparence et l’ancrage local du processus.
Principes directeurs de la mise en œuvre
Approche participative : implication des communautés Massa, des autorités locales, des artistes, des partenaires et des jeunes ; Ancrage territorial : chaque action du plan doit répondre à un besoin identifié et s’implanter durablement sur le territoire Massa ; Montée en puissance progressive : montée en gamme du festival par étapes, en fonction des moyens et des retours d’expériences. Transparence et redevabilité : suivi rigoureux des actions, reddition de comptes, publication des résultats.
Phasage de la mise en œuvre
Phase 1 : Lancement et structuration (2025-2026)
Mise en place du Comité de pilotage stratégique du projet de transformation du festival TOKNA MASSANA ; Élaboration du Plan d’action opérationnel triennal ; Mobilisation des financements initiaux ; Développement d’une charte de gouvernance participative.
Phase 2 : Déploiement progressif (2026-2028)
Mise en œuvre des premiers axes : formation, tourisme, artisanat, communication ; Organisation des premières éditions “reconfigurées” du festival ; Création d’outils de suivi-évaluation (tableaux de bord, indicateurs).
Phase 3 : Consolidation et rayonnement (2028-2030)
Évaluation d’impact et ajustement des actions ; Internationalisation du festival et extension aux autres régions Massa ; Pérennisation des structures créées (Tokna Lab, coopérative culturelle).
- Gouvernance et pilotage
Comité de pilotage stratégique (CPS) : composé des représentants des élites Massa, des CTD, des ministères, de la société civile et de la diaspora, il oriente, suit et évalue la mise en œuvre ; Cellule opérationnelle TOKNA VISION : chargée de la coordination technique et logistique des actions, basée dans la région hôte. Commissions thématiques : par axe stratégique (culture, tourisme, entrepreneuriat, communication, mobilisation des ressources)
Suivi, évaluation et capitalisation
Élaboration d’un cadre logique avec des indicateurs SMART ; Organisation de bilans annuels participatifs (forums communautaires) ; Rédaction de rapports d’étape diffusés aux partenaires ; Capitalisation des bonnes pratiques pour essaimage vers d’autres territoires.
CONDITIONS DE SUCCES
La réussite de ce plan repose sur un certain nombre de conditions stratégiques, humaines, financières et culturelles à réunir. Elles doivent être considérées comme des leviers d’action à activer et entretenir tout au long du processus.
Appropriation communautaire
Implication active des communautés Massa, à la base comme au sommet ;
Sentiment de fierté culturelle partagée et volonté collective de faire du festival un bien commun.
Leadership inclusif et visionnaire
Des élites capables d’unir au lieu de diviser, de fédérer les énergies autour d’une ambition partagée. Un pilotage transparent et crédible, incarné par des figures reconnues.
Financement stable et diversifié
Mobilisation d’un financement pluriel (public, privé, communautaire, international) pour sécuriser les phases du plan. Gestion rigoureuse et transparente des ressources.
Partenariats stratégiques
Collaboration efficace avec les CTD, les ministères sectoriels, les médias, les institutions culturelles et de développement ;
Développement d’un réseau solide d’appuis techniques et financiers.
Professionnalisation de l’organisation
Mise en place de compétences qualifiées (coordination, gestion de projet, communication, animation culturelle…) ;
Formation continue des porteurs de projets et acteurs culturels.
Communication engageante et continue
Stratégie de communication mobilisatrice, valorisant les retombées du festival. Usage intelligent des médias sociaux, des relais communautaires et des influenceurs Massa.
RISQUES D’ECHEC
À l’inverse, certains risques peuvent freiner ou compromettre la mise en œuvre du plan. Les anticiper permet d’élaborer des stratégies d’atténuation.
Le mythe scissipare des élites
Divisions intestines, querelles de leadership et compétitions stériles entre élites et responsables peuvent freiner la cohésion et la vision commune ;
Le festival risque alors de demeurer un espace d’expression de rivalités personnelles, au lieu d’un levier collectif.
Désengagement des communautés
Absence d’adhésion populaire si les actions sont perçues comme élitistes, non transparentes ou sans impact local ;
Perte du sens originel du festival comme expression populaire de l’identité Massa.
Failles de gouvernance
Opacité dans la gestion des ressources, absence de redevabilité ou de contrôle citoyen ;
Confiscation du projet par des intérêts particuliers ou politiques.
Manque de ressources ou de continuité
Dépendance excessive à un seul type de financement.
Essoufflement du projet faute de suivi, de coordination continue ou de relais de compétence.
Résistance au changement
Attachement à des formes traditionnelles figées, au détriment de l’innovation culturelle et économique ;
Crainte de “déformer” l’identité culturelle en la modernisant.
CONCLUSION GENERALE
Le Festival TOKNA MASSANA est bien plus qu’un simple rendez-vous festif. Il est un concentré d’histoire, de mémoire collective, de créativité et de résilience. En élargissant sa vocation à une mission de développement économique, le peuple Massa se donne l’opportunité de transformer ce symbole identitaire en catalyseur de progrès, d’emploi, de cohésion sociale et de rayonnement international.
Le plan stratégique proposé n’est pas un catalogue de vœux pieux. C’est une feuille de route ambitieuse mais réaliste, construite autour d’axes structurants, de mécanismes de mise en œuvre concrets et de principes de gouvernance ancrés dans la transparence et la participation. Il appelle à une synergie féconde entre tradition et modernité, entre ancrage culturel et innovation économique.
Pour réussir, ce chantier exige un engagement constant : des élites capables de dépasser le mythe scissipare, des communautés prêtes à s’approprier l’action, des partenaires convaincus du potentiel culturel comme levier de développement, et une coordination technique rigoureuse.
Ce festival peut devenir l’un des laboratoires les plus inspirants de la renaissance culturelle, économique et sociale dans nos territoires. Encore faut-il croire en notre propre génie collectif, investir dans ce qui nous unit, et construire patiemment un écosystème où la culture n’est plus un luxe ou un folklore, mais une force vive du développement.
« Là où l’on chante et danse mais surtout pense, l’avenir se prépare dans la dignité. »
Administrateur Civil
Elite, homme de culture et de Lettres massa
Tel. 699753289 / 677598333