Extrême-Nord: Des jeunes parlent à Cavaye Yéguié Djibril
« Des routes impraticables, une jeunesse sans emploi, des écoles abandonnées »
Bachirou Hamadou
Déjà, je commencerais par lui rendre hommage pour ses services rendus à la nation depuis un demi-siècle. Être au sommet de l’État aussi longtemps est une performance que l’histoire retiendra. Mais il faut aussi dire la vérité.
D’abord , Sur le plan du leadership, nous retiendrons de lui un leader qui n’ose pas. Un homme d’État qui, malgré sa position stratégique de 3e personnalité de la République, n’a pas su ou voulu utiliser ce levier pour défendre sa base. Un leader qui a préféré le confort de ses privilèges à la voix de son peuple. Il a occupé toutes les hautes fonctions, sauf celle de porte-parole des souffrances de sa région.
Ensuite, Sur le plan du bilan, je lui dirais que l’Extrême-Nord qu’il représente est restée à la traîne. Pire encore, son propre département d’origine, Mayo-Sava est aujourd’hui le symbole criant de l’échec du développement. Des routes impraticables, une jeunesse sans emploi, des écoles abandonnées… alors même que leur fils est au cœur du pouvoir depuis plus de 40 ans. Ce n’est plus une déception, c’est un désaveu historique.
Et enfin, sur le devoir de transmission ou d’alternance, je lui rappellerai que l’une des plus grandes erreurs d’un grand homme, c’est de ne pas savoir s’effacer à temps et préparer la relève. À son âge et avec son expérience, il aurait pu former des générations entières de leaders. Il aurait pu léguer un héritage de vision, de courage et d’engagement. Au lieu de cela, il semble avoir opté pour l’immobilisme et la conservation du pouvoir à tout prix.
Bref, Je lui dirais que le peuple n’a pas seulement besoin de représentants en gandoura, mais de défenseurs, de bâtisseurs et de modèles.