Adamaoua: Quand Tchiroma bouscule le repaire de Bello…

Les projecteurs politiques étaient braqués ces derniers jours sur l’Adamaoua. Meiganga, Nyambaka et Ngaoundéré ont vibré au rythme des meetings de pré-campagne d’Issa Tchiroma Bakary, président du FSNC et candidat à la présidentielle de 2025. Des foules bigarrées, des slogans scandés sans relâche, des artistes locaux enflammant la scène, et un Tchiroma dans son élément : direct, populaire, parfois excessif, mais toujours percutant.

Ce qui frappe, ce n’est pas seulement la taille des rassemblements. C’est le lieu. L’Adamaoua. Un territoire qui n’est pas une simple région électorale, mais un sanctuaire politique : celui de l’UNDP de Bello Bouba Maïgari. Depuis les années 1990, l’Adamaoua est le bastion de ce parti, le socle sur lequel Bello a bâti son prestige et son statut d’homme d’État. Ici, l’UNDP est plus qu’un sigle : c’est une identité, presque une religion .

Or, voilà que ce sanctuaire est ébranlé. Non pas par un parti venu d’ailleurs, mais par un autre fils du terroir : Issa Tchiroma. Sa tournée a montré qu’une page est peut-être en train de se tourner. Là où l’UNDP rassure par l’expérience et la continuité, le FSNC séduit par l’énergie et la rupture.

Le contraste est saisissant. Bello, figure de la sagesse et des compromis, reste respecté par les notables, les lamidats, les réseaux anciens. Mais il peine à parler à une jeunesse désabusée, fatiguée de voir l’UNDP enlacé avec le RDPC depuis trop longtemps. Tchiroma, lui, électrise les foules en reprenant un langage simple, brut, accessible à tous. Dans les marchés, les campus, les quartiers populaires, on l’écoute comme un porte-voix des frustrations accumulées.

Ce face-à-face n’est pas anodin. Car les deux hommes ne sont pas seulement des adversaires régionaux : ils sont les deux candidats du Grand-Nord à cette présidentielle. Et l’Adamaoua est désormais leur champ de bataille symbolique. Celui qui s’y imposera enverra un signal fort, bien au-delà des frontières régionales.

La question est claire : l’Adamaoua restera-t-il fidèle à l’héritage UNDP, ou choisira-t-il d’oser l’aventure avec le FSNC ? Tradition contre rupture, sagesse contre audace, fidélité contre rébellion. Le duel est lancé.

Une certitude s’impose : en 2025, l’Adamaoua ne sera pas un simple spectateur. Il sera l’un des baromètres les plus décisifs du scrutin. Car ce qui se joue ici, dans le cœur du Grand-Nord, pourrait bien peser sur tout l’équilibre politique du Cameroun.

Mamoudou Djafsia Tara

Observateur Septentrion

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