Dr. Mohamadou Dewa, président du conseil régional de l’Adamaoua: « Nous avons alloué 1 milliard pour l’achat des engins de génie civil…Notre objectif est de désenclaver la région de l’Adamaoua, en créant et assurant la viabilité des routes qui desservent les bassins de production agricole ».
Après cinq ans, quel bilan retenir du conseil régional de l’Adamaoua dans le secteur des travaux publics ?
Nous avons alloué 1 milliard pour l’achat des engins de génie civil. Nous avons achetés les porte chars, les bulldozers, les bennes, les compacteurs, bref tous les engins nécessaires pour les grands travaux. Notre objectif est de désenclaver la région de l’Adamaoua, en créant et assurant la viabilité des routes qui desservent les bassins de production agricole. Nous avons fait le constat selon lequel aucun chef-lieu de département n’est relié à Ngaoundéré, chef-lieu régional par une route viable, à l’exception de la ville de Meiganga qui bénéficie du passage de la route nationale n°1. Ces engins sont mis à la disposition des maires et des communes, sont toujours sollicités dans la réhabilitation des routes communales. Nous avons aussi acheté deux ateliers de forage qui seront opérationnels bientôt, pour la construction des forages dans tous les établissements et formations sanitaires de toute la région.
Dites-nous ce que vous avez concrètement fait pour désenclaver la région ?
Nous avons multiplié des actions sur le terrain en faveur du désenclavement. Nous avons réhabilité la route Nyamboya-Koulchoum-Atta qui n’avait pas connu une réfection depuis 30 ans. Les populations dans ces localités nous disent que le prix du transport entre les différentes localités a chuté. Nous avons réfectionné la route Banyo-Bouchounkoura-Kanyaka jusqu’à la frontière avec le Nigéria. Un autre tronçon qui n’a pas été réfectionné depuis 50 ans. Avant, les seuls véhicules qui circulaient sur cette route c’étaient les engins à deux roues, mais depuis sa réhabilitation, les voitures empruntent déjà cet axe, au grand bonheur des populations. Ce qui fluidifie les échanges avec le Nigéria voisin. Nous avons aussi réhabilité la route Tibati-Mbakaou avec la construction d’un ouvrage d’art. Cette route vient densifier les activités entre Mbakaou et Tibati. Vous êtes sans ignorer que la localité de Mbakaou est une zone de pêche avec son barrage. Le poisson de Mbakaou est vendu dans toute la région et au-delà. Nous envisageons aussi transporter l’énergie produite dans le barrage de Mbakaou dans les départements du Faro et Déo et dans le Mayo Banyo, car tout le département du Djerem ne consomme même pas le tiers de l’énergie produit par le barrage de Mbakaou. Nous sommes en train de construire un pont sur le Lom dans le département du Mbéré, et un autre sur la rivière de Mayo Dankali dans l’arrondissement de Galim-Tignere, dans la Vina sur la rivière Mayo Anam sur le tronçon Martap-Minim-Doualayel. Voilà en terme concret ce que nous avons réalisé dans le secteur routier. En termes d’enveloppe financière, dans le Djerem, nous avons investi 570 millions pour réhabiliter les routes et construire les ouvrages d’art. Dans le département du Faro et Déo, nous sommes à 458 millions de francs CFA, dans le Mayo Banyo, nous sommes à 530 millions, dans le Mbéré, 655 millions CFA, et dans la Vina nous sommes à 710 millions. Dans le secteur de la route, nous avons investis durant notre mandat 2 milliards 925 millions.
Comment se gère ce parc de génie civil que dispose le conseil régional de l’Adamaoua ?
Nous avons créé l’Office régional de travaux publics. A travers une délibération, cet office est déjà opérationnel et c’est cet organe qui est chargé de la gestion des locations de nos engins par les communes. Le questeur de la région, est un ingénieur de génie civil. C’est lui qui coordonne l’ensemble des activités de cet office. Il y’a des responsables du matériel, administratif et financier qui l’accompagnent dans cette tâche. Les tarifs journaliers pour la location de nos engins ont été fixés par une délibération des conseillers régionaux. Le technicien de l’Etat qui est le Matgénie, nous a aidé dans cette tâche pour fixer le coût.
Quelle est la cohabitation entre les conseillers régionaux du Rdpc et de l’Undp ?
C’est une parfaite collaboration, parce que nous avons réussi à créer une ambiance bon enfant et de travail. Lorsque nous sommes dans les sessions du conseil, c’est d’abord le travail pour l’intérêt de la population.
Au regard de tout le bilan très élogieux, que nous avons passé en revue, durant les années que vous passé à la tête du conseil régional, dites-nous si vous avez le sentiment d’avoir atteint vos objectifs ?
Nous ne sommes pas totalement satisfaits, car les objectifs que nous nous sommes fixés en début de mandat ne sont pas atteints. Nous avons reçu 25% des ressources financières que nous attendions de l’Etat. Imaginez si le CRA avait reçu le montant fixé par la loi, nous aurions fait quatre fois plus ce que nous avons réalisé. Nous avons fait ce que nous pouvions avec les moyens financiers que l’Etat a mis à notre disposition, les populations sont contentes, mais nous avons un goût d’une tâche inachevée. Si nous avions eu les moyens, nous aurions le sentiment de satisfaction, car nous aurions atteint nos objectifs. Nous plaidons pour que l’Etat nous transfère les 15% du budget de l’Etat tel que prévu dans les textes, pour que le conseil régional puisse véritablement être une institution donc les actions impactent sur la vie des citoyens. Nous plaidons pour une véritable décentralisation avec le transfert des ressources humaines et financières aux conseils régionaux. Notre plaidoyer est que l’Etat tienne à sa parole.
Vous êtes le seul président du conseil régional de l’opposition, celui qui semble aussi être bien ménagé par le gouvernement, lorsque vous vous retrouvez avec vos collègues des autres régions, comment vous vous sentez ?
J’ai un sentiment de fierté par ce que je pose des actes avec autorité. Je suis un président dont les populations attendent des comptes, et je dois rendre compte. Par contre eux, ils ont été désigné par les instances de leur parti. Moi je suis élu, et ce statut me donne plus d’envie de servir ma population, alors qu’eux sont arrivés par cooptation et copinage. Ils sont liés les pieds et les mains, parce qu’ils doivent satisfaire toujours ceux qui les ont mis à la place où ils sont. Je voudrai souligner que j’ai été élu par les tous les conseillers régionaux des partis politiques présents dans l’Adamaoua. La philosophie de l’Undp c’est servir la population avec des résultats concrets et rendre compte à cette population. Au niveau du Feicom, chaque année nous bénéficions d’un milliard de francs CFA, ce que les autres ne parviennent pas. Les responsables du Feicom par exemple ont des objectifs à atteindre. Ils n’attendent que de bons projets et maturés, qui sont financièrement viables pour donner un visa favorable. Il y’a ceux de mes collègues ne soumissionnent même pas au niveau du Feicom parce qu’ils se targuent d’être du Rdpc. Vous voulez qu’ils aient des financements comment pour réaliser des projets en faveur de la population? Nous avons la même possibilité de bénéficier des financements, sauf certains ne font rien pour en bénéficier. En 2025, nous avons revu notre budget de fonctionnement à 26%, ce qui n’est faisable nulle part. C’est une question de volonté et d’engagement au service du peuple. Nous vous promettons de nous donner cette République, nous allons la changer par notre vision politique au sein de l’Undp.
Propos recueillis par