Inondations et changement climatique: Les universitaires réfléchissent pour une action durable.

Un colloque sur la thématique s’est tenu a l’université de Maroua du 2 au 4 juin 2025 en vue de trouver des solutions à ces phénomènes qui affectent les rives du lac Tchad.
Face à la montée des eaux dans le bassin du Lac Tchad et les effets du changement climatique, la science et les savoirs locaux unissent leurs forces à Maroua pour mieux agir. C’est une urgence silencieuse qui revient chaque saison : des crues de plus en plus fréquentes, imprévisibles, et meurtrières. Face à cette réalité, l’Université de Maroua a lancé un appel à la raison et à la science. Du 2 au 4 juin 2025, son campus de Kongola-Djoulgouf-Kodek a accueilli un colloque international placé sous le thème : « Changements climatiques et inondations dans le bassin du Lac Tchad : bien comprendre pour mieux gérer ». Le colloque vise à produire des connaissances pratiques pour renforcer la résilience des populations face à un phénomène devenu structurel dans le bassin du Lac Tchad et la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. « Ce colloque trouve toute son importance dans la récurrence des inondations et leurs conséquences désastreuses au fil des années », a souligné le Pr Idrissou Alioum, appelant à une synergie d’expertises et d’actions coordonnées.
L’Université de Maroua, en partenariat avec un consortium multi-acteurs (FAO, UNFPA, ACF, ONACC, PNVRSA, DPC, DG ECHO), a voulu faire de ce colloque un espace de dialogue entre chercheurs, humanitaires, décideurs, élus locaux et communautés affectées. L’objectif : bâtir une feuille de route opérationnelle pour une gestion durable des risques d’inondation, dans un contexte de bouleversement climatique global. Durant trois jours, 75 communications scientifiques ont été présentées, dont plusieurs en provenance du Niger, du Tchad, du Burkina Faso, du Nigeria, de la France et bien sûr du Cameroun. Les interventions se sont articulées autour de quatre grands axes : Évaluer les risques et impacts des inondations, avec 21 communications réparties en cinq panels ; Comprendre les perceptions et les indicateurs du changement climatique, dans une approche sociologique ; Explorer les modes de prévention et de gestion, avec un accent sur les innovations locales et technologiques ; Valoriser les inondations à travers des usages agricoles, piscicoles ou écosystémiques durables.
Une diversité d’expertises pour une problématique globale
Parmi les participants, une pluralité de profils scientifiques : géographes, sociologues, juristes, psychologues, historiens, économistes, ingénieurs et hydrologues. Cette diversité témoigne de la complexité du défi posé par les inondations dans le bassin du Lac Tchad, où les enjeux sont à la fois écologiques, sociaux, économiques et politiques. Le colloque a également donné une place centrale aux retours d’expérience des acteurs de terrain : collectivités locales, ONG, services déconcentrés de l’État, populations affectées. Ces voix permettront d’orienter les travaux vers des solutions concrètes, adaptées au contexte local.
L’Université de Maroua affirme ainsi sa volonté d’être un acteur majeur du développement durable dans la sous-région, à travers la production de connaissances appliquées, l’alerte précoce et l’aide à la décision. Comme l’a rappelé le Pr Kossoumna Liba’a, membre du comité d’organisation: « une telle rencontre ne saurait se limiter à l’accumulation de données, mais doit déboucher sur une véritable stratégie concertée et opérationnelle. »
Alors que les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir, ce colloque international marque une étape décisive dans la construction d’une réponse collective aux inondations qui ravagent régulièrement les rives du Lac Tchad. Par la science, le dialogue et la coopération, l’Université de Maroua entend contribuer à inverser la tendance. Parce que bien comprendre, c’est déjà mieux agir.
Célestin Tabouli Succès