Développement de la pêche: Avec plus de 200 000 pêcheurs, le Cameroun adhère à la Charte mondiale pour la transparence dans la pêche.

Le ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) a signé, le 29 avril, l’adhésion du Cameroun à la Charte mondiale pour la transparence dans la pêche. Il s’agit d’un pacte international visant à renforcer la transparence dans le secteur de la pêche, afin de favoriser des pratiques durables, légales et éthiques. Par cette charte, le Cameroun s’engage à tout mettre en œuvre pour garantir que les produits de la mer ne soient pas liés à la pêche illégale ou à des violations des droits humains. Pour l’Environnemental Justice Foundation (EJF), une organisation internationale de lutte contre la pêche illicite et non déclarée, cette adhésion est une « preuve du leadership camerounais à l’échelle mondiale » .
Avec environ 400 km de côtes, le Cameroun compte plus de 212 000 pêcheurs et une production estimée en 2022 à près de 300 000 tonnes de poissons par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont 84 % proviennent de la pêche artisanale.
Cependant, selon l’EJF, le secteur est menacé par la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), souvent pratiquée par des chalutiers étrangers. « Les membres d’équipage des chalutiers industriels pêchant dans les eaux camerounaises ont signalé à plusieurs reprises des cas de maltraitance à bord » , rapporte l’organisation.
À l’occasion de l’adhésion du Cameroun à la Charte mondiale pour la transparence dans la pêche, Irène Guy Mimbang, conseillère technique au ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales, a déclaré : « Si la transparence n’est pas une fin en soi, elle constitue un levier essentiel pour lutter contre la pêche INN, au bénéfice des populations et des acteurs économiques respectueux des règles. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un combat de longue haleine et nous nous engageons à relever ces défis. »
Quant à Steve Trent, directeur général et fondateur de l’EJF, il a salué ce « soutien massif à la Charte mondiale, qui montre que le Cameroun s’efforce de promouvoir une pêche durable, légale et éthique. Ce sont les communautés côtières et les pêcheurs camerounais qui en bénéficieront le plus, car leurs moyens de subsistance et leur sécurité alimentaire seront renforcés. Cette démarche aura également des répercussions positives à l’échelle mondiale. Nous saluons vivement cette décision et ce leadership, tout en soulignant qu’il reste du travail à accomplir. »
Depuis quelques années, le Cameroun tente de démontrer sa volonté de lutter contre la pêche INN. En témoigne la publication annuelle d’une liste des navires étrangers autorisés à pêcher dans ses eaux. Toutefois, dans un rapport publié en 2024 sur la situation de la pêche au Cameroun, l’EJF constatait que « fin 2023, plusieurs chalutiers semblaient pêcher activement dans les eaux camerounaises sans figurer sur la liste des navires autorisés cette année-là. Selon les registres officiels, ces bateaux n’ont obtenu leur permis de pêche qu’en 2024. Il apparaît qu’ils ont été rebaptisés et ont changé d’opérateur au cours de l’année 2023. »
Ludovic Amara (Investir au Cameroun)